Chaque fois que j’avais touché ma jeune amie, le contact avait été électrique. J’ai déjà décrit cela et en parler m’a toujours gêné , mais j’attribuais ce phénomène à son… à une aura… à une forte personnalité. C’était une chose réelle, et pas une métaphore. Mais je n’avais jamais senti une telle décharge d’électricité entre nous.
Pendant une seconde, je restai passif, recevant son baiser plus que je ne le partageais. Mais alors sa chaleur et son insistance triomphèrent de la pensée, triomphèrent du doute, triomphèrent de tous mes autres sens dans les nuances de ce verbe, et je lui rendis son baiser, mettant mes bras autour d’elle pour l’attirer de plus près ; alors elle glissa ses bras sous les miens et fit courir ses doigts vigoureux le long de mon dos. Cela faisait cinq ans, pour elle, qu’Enée m’avait donné ce baiser d’adieu, au bord du fleuve de l’ancienne Terre ; il avait été pressant, électrique, plein de questions et de messages, mais c’était tout de même le baiser d’une fille de seize ans. Celui-là, c’était le baiser chaud, mouillé, bouche ouverte, d’une femme, et je réagit aussitôt.
Nous nous sommes embrassés pendant une éternité. J’étais vaguement conscient de ma nudité et de mon excitation comme d’une chose qui aurais dû m’embarrasser, mais c’était secondaire par rapport à ce baiser brûlant, insistant, qui ne voulait pas cesser. Quand finalement nos lèvres se séparèrent, presque enflées, presque endolories, pleines du désir d’être encore embrassées, nous couvrîmes de baisers nos joues, nos paupières, nos fronts, nos oreilles. Je baissait la tête et embrassai le creux de sa gorge, son pouls contre ma bouche, et je humai l’odeur parfumée de sa peau. Toujours à genoux, elle se cambra un peu afin que ses seins frôlent ma joue. Je refermai ma main sur l’un d’eux et baisai le mamelon presque avec respect, Enée prit ma nuque dans la paume de sa main. Je sentais son souffle sur moi, s’accélérer, tandis qu’elle se penchait vers moi.
Dan Simmons ; L’éveil d’Endymion Robert Laffont, Ailleurs et demain, 1997, p.351