Canapé

Le canapé était très confortable, ni trop dur, ni trop mou, le coussin sous a tête était aussi exactement adapté. Partout où j’étais allé faire des programmes, il m’était arrivé de dormir sur le canapé qui se trouvait là pendant les pauses, mais il n’y en avait jamais aucun de confortable. La plupart était des canapés mal faits qui paraissaient avoir été achetés au petit bonheur la chance, et même les canapés de luxe attrayants à première vue étaient généralement une source de déception dès que l’on essayait de s’y allonger. Je ne comprends pas comment les gens peuvent se montrer aussi négligents dans le choix de leurs canapés.

À on avis, généralement parlant, la dignité humaine d’une personne transparaît dans la façon de choisir un canapé – c’est peut-être une préjugé de ma part, mais j’en suis quand même persuadé. Le monde du canapé est un monde immuable dont on ne peut transgresser les lois. Mais seuls les gens élevés sur de bons canapés sont à même de comprendre cela. C’est comme être élevé en lisant de bons livres, ou en écoutant de la bonne musique. Un bon canapé engendre un bon canapé, un mauvais canapé ne peut engendrer que de mauvais canapés. C’est comme cela.

Je connais des gars qui roulent dans des voitures haut de gamme, mais n’ont chez eux que des canapés de deuxième ou troisième classe. Je n’ai guère confiance dans ce genre de gens. Certes, une voiture chère à sa valeur propre, mais il ne s’agit jamais que d’une voiture chère. N’importe qui peut l’acheter à condition d’avoir de l’argent. Mais l’achat d’un bon canapé nécessite la perspicacité, l’expérience et la philosophie correspondante. Il faut aussi de l’argent, mais cela ne se limite pas à une question de moyens. Sans une image bien arrêtée de ce qu’est un vrai canapé, il est impossible d’acquérir le canapé parfait.

Haruki Murakami, La fin des temps, Seuil, 1985, p.62-63

La fin des temps

Haruki Murakami

Seuil, 1985

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Genre : inception à la japonaise. 

note 8/10

Un jeune « programmeur », employé de Système chiffrant les données pour échapper au vol par les hackers de Factory, est mandé par un vieux savant pour brouiller les données de ses recherches.

Parallèlement, un jeune je-ne-sais-quoi, est employé par une ville mystérieuse pour déchiffrer les rêves devant se trouver dans les crânes blanchis de licornes mortes.

Rien de simple, et pourtant… Tomber amoureux, boire du ouiski, faire des choix, échapper aux Ténébrides mangeuses d’hommes, l’histoire est somme-toute très banale.

Rubicon du primo lecteur

Ce qu’il faut dire, c’est que le professeur en question n’est autre que l’inventeur d’une méthode révolutionnaire de chiffrage des données : le shuffling. Il s’agit ni plus ni moins de faire coder les données numérique par un endroit inconscient du cerveau humain lors d’un état proche de l’hypnose.

Seulement voilà, le professeur s’est mis tout le monde à dos. Et les agents de Système, et ceux de Factory, il est obligé de fuir et de se réfugié au cœur du monde souterrain habité par la race ancienne et dangereuse des Ténébrides (êtres mi cafards mi poissons).

Pendant ce temps, dans la ville mystérieuse, l’homme à qui on a retiré son ombre fomente une tentative d’évasion et tombe malade, puis amoureux.

Seulement voilà, c’est dans son cerveau que se trouve la clé de l’énigme et, impuissant, le professeur avoue que les ressorts du shuffling implanté dans celui-ci vont bientôt se muer en une boucle sans fin qui le verra vivre éternellement dans son monde intérieur et mourir dans celui-là.

 

Ce que j’en dis…

L’intrigue est trop classe ! Les personnages légèrement dépressifs et contemplatif à souhait, on se régale littéralement à partir du moment où on a un peu pigé de quoi il retourne (pas avant la page 100). Les filles sont jolies et veulent toutes coucher avec le narrateur, la ville des humains est étrange et l’alcool coule à flot. Y’a bien que la fin que je n’aime pas du tout… mais bon, ça c’est personnel.

clairiairealalicorne