Un battement de paupière d’étoile

Aime la sagesse comme toi même.

Ce qui est, Est. Et qu’on vienne me convaincre du contraire !

Je suis, puisque je vous le dit.

Et je ne dis pas que ça.

À l’origine était la verge, le vergé et le ver dans la pomme. Tout ridicule comme serpent, mais déjà tout prêt à pourrir la saveur des goûts de la vie.

Par bonheur le cœur humain, pittoresque et altier, fit fi de ces turpitudes dégueu de la Nature, préférant s’élever de battements en battements vers les cieux utopiques d’une beauté légère, mais certes un peu bébête :

Aimer manger

Aimer déféquer

Aimer le partenaire du moment

Aimer l’enfant qui n’a qui

 

Aimer chasser

Aimer cuire

Aimer la coupe bien dessinée de ce vêtement en cuir…

 

Tiens ! Serait-ce Magie ?

Qui habite ce lieu, doux gîte ?

                Un ruisseau ?

                Une clairière ?

                Une contrepèterie ?

Pourtant la transcendance n’a cessé de nous élever de la boue. Terre, royaume du ver où nous chûmes. Originellement souillés, crottés et depuis notre premier cri aspirant à la beauté. Humains transis entre vie et trépas, entre l’avalement et l’écoulement de notre dernier repas.

Combien même, et combien différents nous sommes, tout au long du temps, tout au long de cette vis avec fin !

2 millions d’années avant l’ère des écriveurs de Livres jusqu’à aujourd’hui. Un battement de paupière d’étoile. La même boue et les mêmes aspirations utopiques.

Mais si la similitude est scatologique, la différence, elle, est eschatologique !

A toi, amoureux de la sagesse je peux le dire : le même ver est dans la même pomme. De quelques pesticides et pacemaker que la science ne fit ne changeront jamais la boue qui tâche ni n’altèreront l’Idée qui fait briller les yeux de ceux qui marchent debout.

Par contre, en vérité je vous le dit : ce livre-ci s’intéresse à la différence que le temps fit dans l’intermède de ce battement de paupière d’étoile, précisément.

 

Ca, c’était l’intro. Elle vaut ce qu’elle vaut et c’est déjà quelque chose.

Le petit prince cannibale, Françoise Lefebvre

Actes Sud, 1990, 152 p.

Note : 9/10

Genre : Survie d’une auteure

Françoise rêve de Blanche, la cantatrice aux mitaines. Blanche doit être l’héroïne de son prochain roman mais les mots sont comprimés dans son esprit par les cris de son enfant, emmuré vivant dans un autisme senso-neural.

Françoise donne tout, et se baisse pour ramasser les pépites de joie pure qui, trop rarement, tombent de cette relation anthropophage : les rares paroles de ce fils, comme des fenêtres ouvertes sur sa douleur. Petites victoires sur le monde, comme ces instants chez le coiffeur.

Rubicon du primo lecteur

Continuer la lecture

Yvan le terrible, S. Graham

Payot, 1933, 138p.

Note : 6/10

Genre : livre d’histoire par le mec qui a vu le mec qui a vu la source

Le premier Tsar : 1530-1584

Ivan naquit dans un Moscou en construction et dans une Russie perpétuellement balayée par les invasions Tartares.

Orphelin jeune, il grandit à l’écart d’un pouvoir balloté entre les différents intérêts des Boyards.

Adolescent il se vengera de la plupart des opposants… comme de ses partisans. Bref, impulsif et caractériel, psychopathe pourquoi pas, il ne se sépare jamais d’une canne de bois à pointe de fer. Gare au messager qui apporte une mauvaise nouvelle.

La société noble Russe de l’époque est montrée comme brutale, dépravée, vénale et grossière.

Rubicon du primo lecteur

Continuer la lecture