
Titre original : “L’Homme est ta mère !”, censuré à la sortie du recueil en 1857.
Note pour les mal entendants : Homme-lige, signifie « personne entièrement dévouée à Dieu ».
L’Homme est amer
Homme-Lige toujours tu chérira l’amer !
L’amer est ton regard : il déforme ton âme
Compresse la beauté pour en faire couler des larmes
Et ton esprit n’est pas moins gouffre que la mer.
Tu puise ta force dans les certitudes d’un livre
Dont le sel fit – Kalach – glorifier tes aigreurs
T’enivre quelquefois tel un Derviche tourneur
Ton cadeau c’est toi seul, ignorant, qu’tu délivre
Alors que, sûr de toi, tu penses humer la mer,
Sentiment de puissance et de maîtrise,
tu ignore ce qui, en toi, gonfle et thésaurise
L’amer t’hume, t’envahit, t’es dégoûté sa mère !
Semblable jusque dans le goût, la parure, l’apprêt
Homme-Lige tu veux embellir ce que tout abîme
Acerbe, Ô cois-t’emflammer de bille légitime
Tant vous êtes sûr d’être Tout, et tous deux abstraits
Et c’est pourquoi voilà des siècles innombrables
Que vous pourrissez tout sans pitié ni remord
A peine apaisés par le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, Ô monstres implacables !